Sujet: Voleur VS Chasseur [Robin] Mar 19 Mai - 12:38
Comme tous les habitants de Storybrooke, la malédiction avait fait de Graham un homme d'habitude. Le café du matin chez Granny, les donuts pour égayer ses journées de boulot, les rendez-vous secrets avec Regina, les permanences du week-end au refuge pour animaux... et le traditionnel tournoi du vendredi soir avec Robin. Enfin tournoi... Cuite aurait peut-être était un mot plus juste. Lieu et objet du délit ? Chez Granny évidemment, qui était un peu son quartier général après son bureau de shérif. Et la vieille cible que la propriétaire avait installée dans un coin, permettant de longues soirées de joutes tant verbales que physiques entre les deux amis. Si Graham pouvait accepter de perdre sur le premier volet, il était absolument hors de question de reculer d'un pouce sur le second. Robin partageant son avis sur la question, les nuits étaient longues. A jeun, les deux hommes étaient impossibles à départager. Ils enchaînaient les tirs parfaits comme d'autres s'enfilent des bonbons. Et si ces matchs nuls amusaient Ruby, pourvoyeuse officielle des choppes qui se succédaient, les unes après les autres, ils ne les satisfaisaient pas. La bière avait au moins le mérite de permettre à l'un ou l'autre de se démarquer.
Lorsque le shérif poussa la porte du restaurant ce soir-là, il était près de 21h. La journée avait été longue, pleine d'une paperasse dont il lui semblait qu'il ne verrait jamais le bout. Évidemment, en tant que seul représentant de la loi dans la ville, il était joignable en permanence. Dans les faits, il était très rare qu'il reçoive un appel hors de ses heures de bureau, et la plupart émanait de Regina pour des "urgences" qui n'étaient pas souvent professionnelles. Le reste du temps, il avait toujours affaire aux mêmes problèmes : quelques animaux sauvages, des poivrots égarés, des chats perdus... Storybrooke devait avoir le taux de criminalité le plus bas de tout le Maine. S'il lui arrivait d'avoir à gérer quelques vols ou agressions, c'était toujours les mêmes têtes bien connues qui finissaient derrière les barreaux. A croire qu'ils étaient incapables d'évoluer, observait le shérif sans saisir l'ironie de la chose.
Posant son blouson sur la banquette qu'il avait l'habitude d'occuper, Graham fit un rapide tour d'horizon des lieux. Robin brillait par son absence. L’apercevant, Ruby lui fit un signe de connivence auquel il répondit par un sourire et la jeune femme ne tarda pas à lui apporter son hamburger habituel.
« Pas encore arrivé ? Lui demanda-t-il en s'installant.
— Non, il devrait pas tarder. »
Elle s'assit avec lui et ils bavardèrent quelques minutes, le temps pour lui de dévorer le contenu de son assiette. Il en était à se lécher les babines, faisant disparaître les dernières traces de son repas, lorsque la clochette de la porte tinta. Graham s'essuya puis jeta un coup d’œil par dessus son épaule à l'homme qui le rejoignait :
« Roland a voulu une deuxième histoire ? »
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Sujet: Re: Voleur VS Chasseur [Robin] Mar 26 Mai - 16:58
Robin attendait la baby-sitter. Ce soir, Roland était infernal. Le jeune garçon avait eu l’autorisation d’accompagner son père le lendemain au refuge. Le père et le fils partageaient la même passion pour la forêt, les animaux et le grand air. Si le plus vieux avait su… Il n’aurait rien dit. La course effrénée du petit le rendait malade. Il avait déjà tenté de le coucher mais c’était peine perdu. Même une seconde histoire n’avait pas réussi à le calmer. L’heure tournait et si Robin adorait son fils, il avait d’autres occupations le vendredi soir. C’était d’ailleurs les seuls qu’il s’autorisait : une soirée au bar avec Graham, bières et fléchettes. L’un et l’autre étaient indissociables… Sinon la soirée était longue et ennuyeuse. On sonnait à la porte. Le plus jeune Locksley se dirigea vers la porte pour ouvrir, ses cris firent comprendre que la baby-sitter avait amené des gâteaux. La pauvre ne savait pas dans quoi elle s’embarquait. Après ses dernières recommandations, qui ressemblaient beaucoup à une rengaine apprise par cœur, Robin quitta sa maison à l’extérieur de la ville pour l’endroit le plus fréquenté : Chez Granny.
Il était tard lorsqu’il gara sa voiture dans la rue principale de Storybrooke. Robin allait avoir le droit à une petite remarque. Il avait la fâcheuse habitude de faire remarquer à Graham ses retards lorsque quelqu’un enfreignait la loi…Enfin plus ou moins. Storybrooke n’avait pas de loi qui empêchait les chats de se sauver. Il se moquait souvent gentiment de lui à ce sujet et il allait surement y avoir le droit à son tour. Robin poussa la porte du restaurant et remarqua immédiatement que son ami était déjà là et en charmante compagnie. La jolie Ruby était à ses côtés mais se leva à mon arrivé de façon certainement machinale. Je saluais Granny et les quelques habitants qui étaient au bar.
« Non. Je te permet simplement de te préparer à ta future défaite. »
Un grand sourire innocent illumina son visage. Il enlevait sa veste et s’installait avant de faire signe à Ruby que le festival du vendredi soir commençait. Que les choppes s’entrechoquent !
« J’ai eu le malheur de lui dire qu’il pourrait être notre nouvelle recrue demain au refuge. J’aime mon fils… Mais je plains sincèrement la baby-sitter ce soir ! Et toi ? Pas de chat à récupérer dans les arbres ? »
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Sujet: Re: Voleur VS Chasseur [Robin] Sam 13 Juin - 11:53
En réponse à la pique de son ami, les lèvres du shérif se pincèrent dans une moue faussement compréhensive :
« Dis plutôt que tu as voulu retarder ta raclée... »
Lueur moqueuse au coin de l’œil, il invita Robin à s’installer alors que Ruby s’effaçait pour rejoindre son comptoir. Privilège du premier arrivé (ou handicap ?) il avait une choppe d'avance, et il observait maintenant l’homme qui lui faisait face depuis l’abri du rempart liquide et ambré contenu dans son propre verre. Pour être tout à fait honnête, il avait déjà commencé à lui faire un sort. C’est qu’il avait bien fallu l’accompagner ce hamburger, il ne serait pas descendu tout seul !
Les explications de Robin sur le pourquoi de son retard tirèrent un sourire au shérif. Il aimait bien Roland –comment rester l’ami de Rob’ s’il en avait été autrement ?- et il imaginait sans problème l’excitation du jeune garçon. En bon pote serviable, il lui était arrivé de garder l’enfant, une fois ou deux. Ces soirées avaient toujours été plutôt agréables, le shérif s’était découvert d’une patience d’ange lorsqu’il s’agissait de jouer à cache-cache, jusqu’à ce qu’il commette LA terrible erreur. Essayer de calmer un peu le gamin avec une histoire, avant de le mettre au lit. Plutôt pas très doué en conte, n’était pas Mary-Margaret qui veut, il en avait inventé un de son propre cru... et s’était vite retrouvé dépassé par la situation. Dans ses récits à lui, les héros étaient des loups aux prises avec les dangers d’une sombre forêt. Roland s'était pris au jeu et Graham s'était montré très fier de lui-même, jusqu’à ce que Robin rentre et les trouve tous deux en grand conciliabule à une heure où le petit aurait déjà dû dormir depuis longtemps. Comme en avait témoigné le sourire embarrassé qu'il avait adressé au papa résigné en guise d'excuse, n'était pas non plus baby-sitter qui veut.
« Enfin une recrue convenable ! Commenta-t-il après une bonne lampée. Il va bientôt pouvoir remplacer son paternel, c’est qu’il se fait vieux, le bougre… »
Un regard innocent pour son interlocuteur et Graham se replongea dans sa boisson. Interrompant le début de ces cordiales hostilités, Ruby les rejoignit et déposa la chope destinée à son adversaire sur la table. Le shérif tendit son verre pour trinquer avec son compagnon :
« Si seulement. »
Il secoua la tête pour ponctuer sa réponse très sérieuse à une question qu'il devinait ironique.
« Ne rigole pas, ça aurait été plus palpitant que tous ces dossiers... Je ne pige pas comment je peux avoir autant de paperasse. Le moindre feu grillé, et j'en ai pour trois heures de rapport derrière. »
C'est vrai que pour ce type de tâche sans aucun intérêt, il n'était pas de première vivacité. A chaque fois qu'il s'installait à son bureau pour enfin traiter ses fichiers en retard, il se sentait irrésistiblement attiré par le soleil à l'extérieur. Ou le vent. Ou la pluie. Enfin il n'était jamais bien difficile tant qu'il ne s'agissait pas de rester enfermé. Le shérif poussa un soupir à fendre l'âme, puis le noya dans ce qui lui restait de bière avant de lever sa choppe vide, attirant l'attention de Ruby à qui il adressa son plus beau sourire de malheureux à sec. La jeune femme secoua la tête d'un air amusé mais se plia au jeu et en attendant sa nouvelle ration, Graham se retourna vers son ami :
« Prêt pour ta leçon ? »
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Sujet: Re: Voleur VS Chasseur [Robin] Jeu 18 Juin - 16:51
Je ne relevais pas la réponse de Graham à ma pique, me contentant de la balayer du revers de la main. Nous savions tous les deux la suite des évènements : aucun de nous n’allait gagner. Ce serait une succession de fléchettes parfaitement lancées et l’alcool allait troubler notre perception des choses. Une bonne soirée en somme. Je m’installais face à lui, décelant une lueur moqueuse dans mon regard comme dans le mien. Ruby, qui connaissait par cœur notre rituel, ne tardait pas à s’activer pour faire apparaitre avec une choppe. Mon très cher ami n’avait pas prit la peine de m’attendre. « Je vois que tu prends de l’avance… Tu cherches une raison de te justifier ? » Je lui faisais un clin d’œil avant d’attaquer la mienne.
Je me justifiais. Je n’aimais pas faire attendre les gens même si je n’étais pas un exemple de ponctualité. Sauf que j’avais un jeune garçon qui me retenait à la maison. Roland était la meilleure chose qui m’était arrivé et l’une de mes plus grandes responsabilités. Je ne pouvais pas partir avant d’être certain que tout allait bien, même si le shériff Humbert devait prendre son mal en patience. Je lui expliquais qu’une nouvel recru allait donc se joindre à la famille du refuge. Roland me ressemblait plus que je ne le pensais. Je grimaçais à la remarque de mon ami. « J’espère surtout pour toi qu’un loup va se pointer… Ou au moins un gros chien. Parce que depuis ta merveilleuse histoire, il me parle d’en soigner un. » Graham n’était pas un bon baby-sitter. Enfin si les enfants étaient en sécurité avec lui mais son imagination était certainement aussi fertile que le leurs. « Avoue que tu n’attends que ça. » J’étais irremplaçable. Je me sentais un peu coupable de cette pensée alors que c’était de mon fils que nous parlions. « Il faut si faire… Nous sommes bientôt hors d’usage. Place à la jeunesse, n’est ce pas futur vieux râleur bougonnant ? »
Les hostilités commençaient, mais rapidement Ruby faisait son apparition. Je la remerciais pour la choppe et ne tardais pas à en boire une gorgée. Ca faisait un bien fou. Je le taquinais sur son travail. Si être un shérif était un poste qui semblait excitant, dans une petite ville, ce n’était pas vraiment passionnant. Beaucoup de paperasses pour pas grand-chose. Je me moquais de lui sans aucune pitié. Je haussais les épaules. « Supprime les feux. Problème réglé ! Tu devrais embaucher quelqu’un… qui aime remplir de stupides formulaires. » Il devait bien avoir le budget non ? Graham n’était pas le genre de personne capable de rester derrière un bureau. Nous buvions une nouvelle gorgée de façon synchronisée. Je faisais également signe à Ruby de m’en mettre une seconde. J’avais du retard à rattraper. Il était hors de question que je le laisse se trouver des excuses. « Mais bien sûr ! » Je me levais et le lançais passer avec un grand sourire. « Les futurs perdants d’abord ! » J'attrapais les fléchettes. Des clients se retournèrent sur nous. Ils attendaient que l'un de nous cède ou fasse une erreur. Ca n'était jamais arrivé.
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Sujet: Re: Voleur VS Chasseur [Robin] Mer 24 Juin - 21:27
Des vrais gamins, c’était le cas de le dire. Leur échange acidulé masquait à peine la triste réalité : après des années de « tournoi du vendredi soir », ils n’avaient toujours pas réussi à déterminer lequel des deux avait la plus grande. Des siècles –oui, rien que ça !- de fléchettes, de bières, de piques plus ou moins incisives, d’applaudissements et de déceptions pour leurs spectateurs qui n’avaient, ce qui était triste aussi pour eux, en y repensant, rien de mieux à faire. Un show bien rodé mais qui n’avait toujours pas trouvé d’issue convenable. Au moins avait-il le mérite de leur faire passer d’agréables soirées.
« Aucune raison de me justifier, répliqua Graham en faisant claquer sa langue en même temps que son verre sur la table. Je vais t’écraser ! »
Cause toujours, entendit-il cette agaçante petite voix dans sa tête, sans doute plus raisonnable que lui mais beaucoup moins drôle. Il la noya dans une nouvelle gorgée. La mention de Roland et de sa marotte actuelle tira un sourire au shérif. Un sourire un peu gêné, il est vrai, du même ordre que celui avec lequel il avait accueilli Robin ce fameux soir de gardiennage. Entre l’adulte pris en défaut et le gamin choppé avec la main dans le pot de confiture. A la mention du loup, il posa un coude sur la table pour s’avancer un peu par-dessus sa choppe, le regard soudain sérieux :
« Tu sais, tu vas encore dire que je déconne à plein tube mais la semaine dernière, je suis presque sûr d’avoir vu des traces de patte beaucoup trop grosses pour être celles d’un chien. »
Oui OK, c’était en rentrant de leur fameuse soirée et il n’avait peut-être pas les idées très claires. Et oui, il savait très bien qu’il n’y avait pas de loups dans les environs de Storybrooke. Le refuge n’en avait même jamais accueilli. Mais il n’était pas fou bon Dieu ! Sous le regard moqueur de Robin, habitué à ses délires enfiévrés sur le sujet mais qui tombaient plus généralement en fin de soirée, lorsqu’il était déjà bien cuit, le shérif se relaissa tomber dans sa banquette, presque boudeur.
« Rigole rigole, mais tu verras, un jour… Et je ne bougonne pas ! Roland me croirait, lui au moins. »
La conversation dévia ensuite sur son boulot, sujet sur lequel ils étaient d’accord au moins. A la suggestion de son ami, Graham haussa les épaules d’un air désespéré alors qu’il portait son verre aux lèvres en même temps que Rob.
« Les gens y sont tellement habitués, ils auraient des accidents exprès pour m’embêter. Et ça serait pas trois heures de paperasse mais six ! Tu crois que ça existe vraiment, les personnes intéressées par ce genre de chose ? »
Pour sa part, le shérif avait peu d’espoirs sur la question, l’hypothèse lui apparaissait tellement farfelue… Qui serait assez masochiste pour apprécier ça ? Mais si Robin avait une suggestion, il était tout ouïe ! Regina accepterait bien de lui faire une petite rallonge pour qu’il embauche un adjoint. Surtout s’il arguait du fait qu’il serait libre plus tôt le soir…
Bien échauffés par leur premier –et pour l’un, également par son second- verre, les deux hommes se levèrent de concert. Les choses sérieuses pouvaient commencer. Robin s’effaça pour le laisser passer et Graham leva les yeux au ciel. Ses doigts se refermèrent autour d’un jeu de fléchettes, les vertes, toujours les mêmes depuis qu’ils avaient commencé à jouer ensemble, et il soupesa la première presque sans y penser, par habitude, avant de s’en saisir correctement. Viser, tirer. Dans le mille, évidement, il n’avait même pas eu à se concentrer. On n'était qu’en début de soirée après tout et les suivantes suivirent le même chemin. Le jeune homme s’avança pour les récupérer, lançant un sourire entendu à Robin :
« Je les retire hein, que tu ne t’amuses pas à essayer de les casser comme la dernière fois. »
En désespoir de cause et parce que, ce soir là, même l’alcool ne semblait pas vouloir les départager, ils avaient commencé à essayer de briser les fléchettes de l’autre en visant si bien qu’ils les auraient coupées en deux. Peine perdue, ils n’avaient réussi qu’à les faire chuter. A ce souvenir, Graham fronça les sourcils :
« Je me rappelle plus bien… Y en a pas une qui a fini par se péter à tomber tout le temps ? »
Oui, sa mémoire de fin de soirée était souvent… assez vague, si l’on voulait rester politiquement correcte. Complètement vaseuse, pour être plus réaliste.
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Sujet: Re: Voleur VS Chasseur [Robin] Mer 29 Juil - 12:31
Je ne loupais pas une occasion de taquiner Graham avec vivacité mais toujours sans méchanceté. Nous étions un spectacle ambulant, divertissant les autres clients gratuitement. Parfois, certains se mettaient à parier : ce soir serait le grand soir, l’un de nous finirait par plancher. C’était inhumain une telle réussite… Pourtant ce soir encore ils allaient être déçus. Je m’éclaffais à haute voix en l’entendant me dire qu’il allait m’écraser, faisant se retourner quelques curieux. « Cause toujours. Tu vas rentrer en pleurant ! » Je levais les yeux au ciel. Je prenais une petite gorgée. J’avais beau le nier : ces petites soirées étaient une véritable bouffée d’air. Graham était vraiment mon seul ami, enfin la seule personne que je considérais comme tel. Ce type était aussi dingue que moi alors forcément nous faisions une belle équipe.
Je lui annonçais que Roland allait se joindre à nous le lendemain au refuge. Je lui parlais de sa détermination à trouver un loup. Celui dont il avait tant entendu parler dans les histoires de Graham. Il fit un petit sourire gêné. La prochaine fois que je les laisserais ensemble, je resterai dans la pièce d’à côté. Le baby-sitter devenait lui aussi l’enfant à garder. Son regard changeait et Humbert redevenait sérieux, me parlant de traces susceptibles d’être celle d’un loup. Je plissais les yeux. J’étais plus que sceptique. « Laisse moi deviner un vendredi soir ? Arrête Graham, il n’y a pas de loup dans le coin. Tu as surtout une imagination des plus fertiles ! » Je me moquais de lui. J’arpentais souvent la forêt de long en large pour trouver du bois, faire de petits boulots : je n’avais jamais croisé un tel animal. « Ou peur du grand méchant loup. » Je m’intéressais à nouveau à mon verre. Graham s’enfonçait dans sa banquette alors que je me redressais. « Ne t’en fais pas. Tu vas pouvoir lui raconter demain. Mais je te préviens : Je te le laisse pour le week end ! » J’adorais mon fils mais il me remplissait la tête avec ces histoires. C’était mignon les trois premières heures mais lorsqu’il faut le coucher… C’est une autre paire de manche !
Nous parlions maintenant boulot. Graham avait de longues journées qui semblaient ennuyeuses et il croulait sous la paperasse. Il faut dire qu’il se passait rarement des choses intéressantes dans le coin. La ville était toujours dans une sorte de routine. Un petit accrochage était presque une attraction ! « Bon rien que pour te faire plaisir, demain je vais accrocher la voiture du voisin. Je vais faire exprès de t’appeler. Je hochais positivement la tête : « A chacun sa façon de s’amuser ! » La notre était bien différente. D’un seul coup je me levais en synchronisation parfaite avec Graham. Que les choses sérieuses commencent ! Je le laissais commencer. Place aux perdants. Je m’appuyais sur la table et croisais les bras alors qu’il saisissait les fléchettes. Toujours les vertes. Une sorte de rituel.
Je ne prêtais pas attention à son tir, m’intéressant aux personnes présentes dans le coin. C’est sans surprise que je voyais les fléchettes plantées au centre en me retournant. « Ca n’est arrivé qu’une fois. » me défendais-je immédiatement. Un moment très drôle. J’étais convaincu de pouvoir les casser mais le caoutchouc avait eu raison de moi. Je levais les yeux au ciel. « Tu ne te rappelles jamais de rien… Ce n’est pas nouveau… » Je saisissais à mon tour les objets du défi. Je les lançais une à une tout en lui parlant : « Ce n’est pas vraiment à moi qu’il faut demander. Je te déconseille de demander à Granny, tu vas te prendre un coup de sac ! Elle était furieuse je crois. » Toutes dans le centre de la cible. "Il faut vraiment que l'on se trouve un passe-temps où l'on est moins bon !"
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Sujet: Re: Voleur VS Chasseur [Robin] Mar 1 Sep - 8:18
« Je ne pleure jamais, tu devrais le savoir. » Répondit le shérif d'un ton singeant le mépris.
Comment ? Oui c’était l’homme qui ne pouvait retenir ses larmes lorsqu’il fallait piquer un de leur protégé du refuge qui disait ça. Oui il le vivait bien, merci pour lui. Graham assumait sa sensibilité sur la question animale, il n’allait pas jusqu’à le crier sur tous les toits mais il n’esquivait pas la question lorsqu’on l’interrogeait à ce sujet. Ce n’était pas pour rien qu’il était volontaire au refuge, ou qu’il perdait autant de temps sur les affaires de chats disparus. Et Robin, meilleur ami et collègue de son état, le connaissait suffisamment pour le savoir. Bien vite, sa moue « spéciale blague nulle » remplaça son expression dédaigneuse et il trinqua à nouveau avec l’homme qui lui faisait face.
Évidemment, Robin ne le croyait pas. Le shérif ne s’était pas fait beaucoup d’illusions, son ami était si terre à terre... Étrangement, alors que Rob’ était une des personnes dont il était le plus proche, c’était plutôt Ruby, d’habitude prompte à se moquer gentiment d’eux, qui écoutait avec attention ses histoires de loups. Allez comprendre…
« Un de ces soirs, tu viendras avec moi, et tu verras… »
Enfoncé dans sa banquette, l’homme s’était fait pensif mais la conversation revenait sur Roland et le shérif laissa tomber ses élans passionnés.
« Imagine… tout ce que je pourrai lui raconter en un week-end entier... » Fit-il remarquer d’un ton détaché, guettant du coin de l’œil le début de panique du pauvre père esseulé. Celui-ci lui rendait bien de toute façon et Graham fronça imperceptiblement les sourcils, renifla, puis prit le parti d’adopter la posture officielle :
« Dites donc, M. Locksey… C’est une preuve de préméditation ça, j’ai de quoi vous boucler pour des mois ! Destruction volontaire du bien d’autrui, ça va vous coûter cher… »
Puis finissant sa bière, il conclut dans un sourire taquin :
« C’est pas mal, tu tiendras compagnie à Leroy comme ça, il dort en cellule un jour sur deux et je crois qu'il en a marre de ne voir que moi. »
En attendant, ce n’était encore pas ce soir qu’ils se départageraient. Les fléchettes empennées de rouge de Robin s’alignèrent comme les siennes dans l’axe central et Graham soupira.
« Je ne préfère pas tenter le diable. » Observa-t-il à la mention de la propriétaire de la boutique tandis que Robin récupérait ses fléchettes. Songeur, appuyé sur le bout de la table, le shérif réfléchissait.
« On pourrait peut-être lui demander un billard ? Après tout, on lui fait le show tous les week-end, elle nous doit bien ça… Hey Ruby ! »
Interception réussie pour le shérif qui réussit à se faire servir une nouvelle pinte. La moitié finit dans son gosier avant son tour et il l'acheva à peine la troisième fléchette plantée au centre de la cible.
« De toute façon, poursuivit-il après sa courte interruption, je te prends quand tu veux, où tu veux, à ce que tu veux ! Je parie que même là ce soir, après la partie, je te bats à la course ! »
Doigt pointé vers la porte du restaurant, le shérif réussit à conserver une face toute à fait sérieuse alors que l'hilarité le guettait. Aah la douce ivresse du vendredi soir…