C'était une de ces journées qu'il adorait. Une de ces journées durant laquelle le sourire de Jack ne s'effaçait jamais de son visage lumineux. Il se sentait bien. Très bien même. L'hiver était arrivait depuis quelque temps déjà et avait déjà recouvert son tapis blanc le long de sentier. Le bonhomme de Glace pouvait alors parcourir les rues animées, comme il aimait tant. Cette période était toujours une véritable bénédiction pour lui et il ne se délectait jamais assez de l'animation des royaumes qui l'accueillait. Cette fois encore, Jack avait passé la plus grande partie de la journée à traîner dans des lieux fréquentaient. Il avait rencontré des gens plutôt intéressants et d'autres moins. Il avait bu et il avait ri. Les heures avaient filés bien plus vite qu'il ne l'aurait juré et alors qu'il voulait encore profiter pleinement de la liberté que la saison lui offrait, les camarades qu'il venait de rencontrer lui dirent qu'ils devaient rentrer chez eux. Pour eux, c'était un jour ordinaire et tous les arguments de Jack n'eurent aucun effet. Tant pis, il trouverait de quoi s'occuper ailleurs. De toute manière, cette taverne devenait beaucoup trop chaude pour lui. Il se sépara donc des autres hommes et prit la porte. La neige qui perça ses chaussures, caressant sa peau était une véritable douceur pour lui.
Souvent, pour ne pas attirer l'attention sur lui, il s'habiller aussi chaudement que les villageois. Mais la vérité était que ses étoffes l'étouffaient et il n'était pas mécontent de se débarrasser d'une épaisseur. Aux yeux non-avertis, sa chemise de lin devait paraître absurde face à la température avoisinant le négatif, mais pour lui, c'était l'accoutrement parfait.

D'un pas sûr, il s'éloigna des habitations. Les familles se regroupaient chez elle pour manger le souper du soir. Discrètement, le bonhomme maudit jeta un coup d'œil à travers une fenêtre d'où une lumière chaude et attirante filtrait. De l'autre côté du carreau, Jack aperçut l'image de la petite famille parfaite. Un homme assis au coin du feu semblait jouer innocemment avec une petite fille, assise sur ces genoux. Sur une autre chaise, une femme au visage rond et aimable lisait un bouquin tandis que le fils ainé posait les derniers couverts sur la table en bois. Pas de luxe dans cette bâtisse, mais ils n'avaient l'air de pas en avoir besoin. Cette image le renvoya à sa propre vie de jeune garçon, il y avait de ça... 200 ans peut-être. Non beaucoup, plus. 400 ans ? Jack n'en savait rien, il avait arrêté de compter et de fêter son anniversaire en solitaire, il y avait des années de cela. Un sourire tendre étira ses lèvres alors qu'il les épiait. Lui aussi avant il était comme cet adolescent. Lui aussi avait une petite sœur à protéger... Miranda... Un voile passa sur ses yeux sombres. Le deuil de sa vie antérieure avait été achevé des centaines d'années auparavant et ce n'était pas maintenant que Jack allait en souffrir. Mai ce genre de vision avait tout de même de le don de le replonger dans des souvenirs plus que flous.
Il soupira et son souffle s'écrasa en une particule de glace contre le carreau. Comprenant le message, il s'en retourna et continua son chemin.

Il commençait à croire que la journée allait s'arrêter pour lui également lorsqu'il aperçut une silhouette au loin. Jack fronça les sourcils. La jeune femme semblait prie d'un axé de folie et piétinait la neige sous ses pieds. Toute trace de mélancolie avait disparu sur la figure de Jack. Finalement, il n'allait peut-être pas aller se coucher maintenant.
Il agrippa le bâton qui lui avait permis d'échapper au Passeur et qu'il ne quittait plus depuis. Sauta délicatement sur celui-ci, les pieds joints et le bâton décolla de quelques centimètres. Il fila le plus silencieusement possible sous le ciel sombre et se laissa atterrir à quelques mètres de la silhouette. Jack laissa le bâton là où il était. Un lien particulier les reliait et il lui suffirait de l'appeler pour que celui-ci revienne vers lui.

« C'est dommage »❞, dit-il alors qu'il s'approchait de l'inconnue. « Ces biscuits avaient l'air délicieux ».❞

Sur ces mots, il se pencha pour en ramasser un qui avait échappé à la danse particulière de la jeune femme et lui tendit.

« Tout va bien au moins ? Personne ne vous a attaqué ? »❞ , demanda Jack malicieusement alors qu'il savait pertinemment que le massacre n'était dû qu'à la personne devant lui et à personne d'autre.

« Une charmante demoiselle comme vous pourrait être la cible de bon nombre de mauvaises personnes.
»❞

Le visage de Jack ne pouvait être plus cordial et avenant. Venir à la rescousse des gens plus ou moins démunis étaitun véritable passe-temps pour ce bonhomme de neige. Ne vous méprenez pas. Il n'est pas là question de bonnes actions ou quoique ce soit de ce genre. Jack considère qu'il a assez donné de son vivant pour ne plus faire de bonnes actions pendant un siècle ! Non, ce qu'il adore le plus dans ce genre de situation, c'est le regard que l'on pose sur lui. Vous savez, ce regard remplit d'admiration, de fascination et bien plus encore. Quelle joie de sentir une telle attention portée sur vous. Il faut dire que Jack doit rattraper des mois de quasi-néants en terme d'échanges humains durant l'année. Autant se faire plaisir quand le destin vous en donne l'occasion. Bien sûr, ici, il ne s'agissait que d'un malheureux biscuit, mais parfois, il en faut peu pour réjouir la populace. Ainsi, Jack avait le sourire jusqu'aux oreilles et trouva la demoiselle particulièrement mignonne et touchante dans sa manière de réagir. Dans un geste faussement théâtral, il fit une révérence.

« Mais de rien », lui répondit-il en premier lieu. « Et en aucun cas, je ne doute de leur goût si vous en êtes la cuisinière ».

Jack se retint de lui faire un clin d'œil, craignant que ça fasse un peu trop pour un début de rencontre. Il la trouvait d'ailleurs bien sereine. Après tout, elle ne connaissait pas Jack et ignorait s'il était quelqu'un de tordu ou non. Ramasser un biscuit ne garantissait pas qu'il soit un homme bon. Heureusement pour la jeune femme – du moins celui qu'il pensait être une jeune femme, Jack n'était pas de ce bord-là. En effet, c'était le plus honnêtement qu'il s'était approché de lui et il n'avait aucune mauvaise attention, bien au contraire.
Toujours aussi souriant, Jack le laissa répondre. Il perçut l'hésitation dans sa voix, mais ne le précipita pas. Évidemment, cela éveilla sa curiosité. Dans un coin de son esprit, il nota qu'il devrait se pencher un peu plus sur la question plus tard. Toute la nuit lui était offerte pour découvrir un quelconque mystère. Une pensée après l'autre, Jack fut ravi de s'entendre inviter de la sorte.

« Si c'est proposé aussi gentiment comment refuser ? Et ça tombe bien, je ne savais pas quoi faire de ma soirée » . Le geste accompagnant la parole, il répondit à cette main tendue en avançant à la suite de ce partenaire. Par moment, il voyait un frisson passer sur les épaules de la demoiselle tandis que lui ne ressentait aucune gêne face à ce froid ambiant. Il jeta un coup d'œil vers l'arbre qui surveillait son bâton et son manteau. Jack aurait bien proposé de lui prêter son vêtement, mais il craignait que son interlocuteur ne vienne à se poser des questions sur l'homme de glace. D'un autre côté, Jack n'avait absolument pas honte de ce qu'il était. Que la face du monde sache qu'il était le garçon de l'éternel hiver ne le tourmentait aucunement. Non, ce qui était bien plus inquiétant était la réaction de ces gens. La peur se réveille devant l'inconnu, et tout chez Jack pouvait être vue comme tel. Finir cramé ou fondu n'était pas dans ses priorités. Auregane n'avait pas du tout l'air malveillant. Mais celle-ci avançait déjà en direction de l'auberge. Tant pis, le geste du prince charmant, ce serait pour une prochaine fois.

« Auregane », répétât-il en murmurant après qu'elle lui ait donné son nom. « J'aime beaucoup. Ça sonne bien et en plus, ce n'est pas commun, contrairement à mon nom. Tout ce qui a de plus banal : Jack. Au moins, ce n'est pas compliqué à retenir ». Un ricanement moqueur échappa de ses lèvres. C'était drôle comme avant cela, il n'avait jamais remarqué la banalité de son prénom. Il le verrait différemment à présent. « Alors comme ça vous travaillez dans une auberge, si j'ai bien compris ? Elle vous appartient ? Elle est bien chauffée ? »

Cette dernière question pouvait sembler abrupte, mais pour un homme fait de glaçon comme lui, elle était primordiale. C'était bien là toute la difficulté de cette malédiction. La chaleur sous toutes ses formes le faisait souffrir. Si ce n'était pas trop poussé, il pouvait prendre sur lui. Depuis autant d'années, il avait appris à ignorer la brulure ardente d'une flamme de lanterne. Mais certains feux laissaient encore des dégâts, comme ceux de cheminée.

« Je ne serais pas contre quelques-uns de vos cookies, j'ai une faim de loup », fit-il alors qu'ils continuaient à marcher. Bientôt, ils apercevraient sûrement la fameuse auberge et Jack avait hâte de pouvoir faire de plus amples connaissances avec Aure dans un endroit plus tranquille.

Hors jeu:

Décidément, Aurégane avait le don de tirer des sourires à Jack. Il la trouvait extrêmement drôle dans sa maladresse. Pour lui, qui était un être jovial par excellence, la rencontre avec cette inconnue ne pouvait être qu'une bonne chose. Il sentait bien qu'elle n'était pas tout à fait à l'aise. Il suffisait de l'entendre répondre aux questions de Jack pour le comprendre. Jack n'était pas une mauvaise bête. Il avait cette capacité d'adaptation qui lui permettait de pouvoir se sentir à l'aise avec à peu près tout le monde. Grâce à cela, il avait pu en déduire assez rapidement qu'Auregane n'avait pas l'habitude des traits d'humour et de l'ironie. Elle était charmante, et même plus : attachante. Jack avait tout simplement l'impression de voir une jeune fille, encore naïve et inconsciente du monde qui l'entourait. Mais cette jeune fille semblait aussi avoir pas mal de responsabilités à porter. Le bonhomme de neige aurait pu mettre sa main au feu qu'elle ne devait pas sortir souvent de son auberge et que les rencontres n'étaient pas dans son habitude. Jack était l'une de ses personnes qui croyaient au destin, qui pensaient que des êtres, peut-être des angelots ailés, tiraient les ficelles là-haut. Chaque personne dans ce monde aurait son angelot désigné et celui-ci essaierait de mener son protégé vers son destin, vers le chemin qui lui correspond le plus. C'est aussi grâce à cette relativité que Jack ne portait ni de colère ni de tristesse dans son cœur malgré sa malédiction. Il s'était fait une raison. Après tout, peut-être que devenir cette créature de glace avait été décidé dès sa naissance. Et après tout, sa malédiction n'était pas si mauvaise que cela. Elle lui avait permis de rencontrer de nouvelles personnes, parfois très intéressantes, parfois moins. Le monde avait désormais une couleur particulière à ses yeux maintenant, mais une couleur chatoyante.
Au fond, il était persuadé que tout un tas d'aventures et d'événements l'attendaient et que ceux-ci n'arriveraient que pour son « bien », même si ce n'était pas toujours facile. Et puis franchement, sans ça, il s'ennuierait de l'éternité qu'il a devant lui, non ?
Tout cela pour dire que si ces pas l'avaient mené jusqu'à Auregane ce soir-là, il était persuadé qu'il y avait une raison à tout cela. Qui sait, peut-être était-il l'homme qui allait lui apprendre l'humour...

« Recette secrète, vous dîtes...Qui me dit que vous n'allez pas chercher à m'empoisonner ? » , ironisa-t-il en lui lançant un clin d'œil espiègle. Bien sûr, Jack ne pensait pas une seconde ses paroles. Pourtant, il restait assez méfiant par nature, bien que ça ne l'empêchait pas de s'amuser. Mais vraiment, un empoisonnement ? C'était bien trop convenu pour être réaliste. Puis il haussa les épaules quant à son prénom. « Oh, vous savez, il ne me dérange absolument pas. Et puis, si vous m'affirmez que je serais le premier Jack auquel vous penserez lorsque vous entendrez ce prénom, alors je ne pourrais être que combler ». Encore un sourire charmeur. Décidément, Jack n'arrêtait pas cette nuit-là. Charmer, il aimait ça. Mais attention, souvent, c'était juste par pur plaisir et rarement il ne cachait d'autres envies plus sournoises. Ce n'était pas parce qu'il faisait son petit numéro de chevalier servant que Jack voulait autre chose en retour, ou souhaitait même aller plus loin. Pour ça, il laissait faire le temps et le destin, encore une fois. Il avait bel et bien conscience que sa malédiction ne laissait que très peu de place à un avenir de couple. À vrai dire, il n'avait même pas essayé jusque-là. Quel être censé consentirait à passer les plus belles saisons de l'année, coincé dans un environnement perdu et si froid que chaque seconde pourrait être mortelle ? Tous les êtres humains ne supportaient pas le froid aussi bien que lui...

« Eh bien, ça me va parfaitement ! » , répondit-il par rapport à l'auberge. « Ça fait bien longtemps que je n'ai pas passé une petite soirée tranquille de la sorte. J'espère que vos oncles n'y verront pas d'inconvénient. »

Jack crût apercevoir un air dubitatif sur le visage d'Auregane. Le bonhomme de neige avait la sensation qu'on ne lui disait pas tout. Sincèrement, il ne pensait que cela puisse être quelque chose de grave. Il n'essaierait pas de lui tirer les vers du nez. Chacun avait ses petits secrets après tout et il venait à peine de la rencontrer. Toutefois, malgré toute la bonne volonté du monde, Jack n'aurait pas pu ignorer le mouvement de recul d'Auregane, qu'il ne comprit totalement pas. Espérant qu'aucune gêne ne les trouble, Jack reprit la parole sur un ton toujours aussi léger.

« Je supporterai le froid ne vous inquiétez pas. Par contre, c'est un choix cornélien. J'aimerais vous répondre que j'adorerai goûter à chacun de ses parfums, mais je risque de passer pour un gros glouton. Alors au chocolat ! Je reste fidèle à mon premier amour ! » Il laissa quelques secondes flotter et repris dès qu'il aperçut une bâtisse. « Ça ne serait pas cette taverne-là par hasard ? À moins que mon estomac ne me joue des tours. Je meurs de patience ! »

Il jeta un regard brillant à Auregane et accéléra le pas pour pousser la porte d'entrée.

« Honneur aux dames ! »

Jack était bien trop sur le ton de l’humour pour réellement s’inquiéter des paroles d’Auregane quant à son ingrédient secret. Il mit le mal à l’aise de la jeune fille sur le compte d’un secret de fabrication familiale à garder de génération en génération. Même s’il n’était pas évident de berner facilement Jack – après tout, il en avait vu des choses au cours de sa longue vie – le garçon avait le défaut de se gâcher la vue avec des œillères lorsqu’il était d’humeur légère. Et c’est bien ce qui se passait à présent. S’il avait fait un tant soit peu attention à l’expression de panique qui était passée sur le visage de la demoiselle, il aurait vu que quelque chose clochait. Que cette invitation n’était pas si innocente. Mais que voulez-vous, Jack avait gardé une foi et un amour pour l’humanité qui le mènerait sans doute à sa perte un jour.

Malgré sa naïveté du moment, Jack avait remarqué l’esquive bancale d’Auregane. Il s’était contenté de sourire. Eh bien, peut-être semblait déjà trop heureux pour pouvoir goûter à l’ingrédient défendu.

Après que la damoiselle entra dans la taverne, Jack la suivit, toujours aussi enjoué. Son sourire ne fanât même pas à la vue de l’intérieur de la bâtisse. Cette bicoque aurait réellement pu être une charmante demeure, accueillante pour les voyageurs perdus, si elle n’était pas aussi sombre. Les minces faisceaux de lumière que projetaient les bougies ne permirent pas au bonhomme de neige de s’accoutumait aussitôt à l’obscurité. Si bien qu’il resta quelques longues secondes sur le pas de la porte en clignant des yeux dans l’espoir d’y voir un peu plus clair. Une fois la mise au point faite. Jack suivit d’un pas enjoué la soi-disant nièce des frères Bear.

Sans se départir de son sourire aguicheur, Frost se tira une chaise et s’assit face à la belle Auregane, déjà prête à lui cuisiner ce qu’il voudrait. Il posa son coude sur la table, le menton dans la paume de sa main, tandis que la jeune fille faisait une brève présentation de son état à deux hommes costauds et aux mines pas peu engageantes.

« Moi, c’est Jack Frost, commença l’esprit de l’Hiver. J’ai eu beaucoup de chance de tomber sur votre nièce, je mourrais de faim. En plus, elle est d’une sympathie à angéliser un démon. » Il décocha un sourire charmeur à la jeune fille aux belles boucles blondes, puis il se tourna vers les deux frères qui devaient faire facilement deux têtes de plus que Jack. Il murmura ensuite ces quelques mots, tout en étant sûr qu’Auregane puisse l’entendre. « L’homme qui l’épousera sera le plus heureux du monde. »

Si Jack lui faisait autant de compliments, ce n’était pas anodin. Premièrement, charmer, il adorait ça. Il ne cherchait pas forcément à aller jusqu’au bout, ce n’était que pour le plaisir de voir le rouge monter aux joues des gens qu’il accostait. Et pour une raison inconnue, il était sûr que cela fonctionnerait à la perfection avec Auregane. Dans un second temps, il essayait de donner le plus de crédits possibles à Auregane face aux frères Bears. Aussi étourdi qu.il était, Jack avait bien remarqué le soupçon d’amertume dans la voix d’Auregane lorsqu’ils étaient rentrés dans l’auberge. Quelque chose lui disait que la jeune fille n’était pas dans le meilleur élément ici. La vue de ces colosses ne pouvait que renforcer ce doute qui le poignardait. Oui, Auregane n’avait pas l’air franchement heureux. Stresser, oui, par contre. Peut-être était-ce dû à sa propre présence mais Jack doutait d’avoir autant d’effet naturel. Le mérite ne lui revenait certainement pas. Une jeune fille aussi fragile pouvait être une parfaite victime pour ces gros bras.

Bien, si les impressions de Jack n’étaient pas faussées, le glaçon se ferait un plaisir de remettre les choses à leur place. Au cours de leur petite conversation, il s’était pris d’affection pour Boucle d’Or. Sa naïveté le faisait rire. Pour mettre les deux hommes dans de bonnes conditions, il décida de consommer aussitôt.

« Dîtes-moi, que conseillerez-vous à un homme ayant marché des heures dans la neige et le froid, mais dont l’estomac ne supporte pas les breuvages trop chauds ? »

Bien que sa question visait plutôt les frères, il n’avait pas manqué de lancer un clin d’œil malicieux à sa nouvelle amie. Il comptait bien connaître le fond de sa pensée à celle-ci. Cette auberge lui donnait plus de questions en tête que lorsqu’ils marchaient côte à côte mais il n’osait les poser sciemment face à ses oncles. Se remplir l’estomac pourrait bien l’aider à trouver les mots justes pour prêcher le vrai du faux.