qui sème la haine récolte la violence, la vengeance, la mort... ✧ J'y étais enfin. Plus proche que jamais de ma vengeance. J'avais pensé que tuer le Crocodile était la bonne chose à faire, le bon moyen d'obtenir réparation pour le mal que m'avait fait l'homme qui m'avait pris ma main et surtout mon amour, mais à Storybrooke, j'avais trouvé bien mieux. J'avais trouvé la meilleure option. Œil pour œil, dent pour dent. La chance était inespérée. Qui aurait cru que le mal incarné pouvait avoir fait preuve de la faiblesse de « tomber amoureux » ? J'avais vu les regards, j'avais vu combien il était différent avec elle. Il n'avait pas aimé Milah comme il aimait cette femme. Il aimait cette femme comme on aime son grand amour, sa moitié. Cette moitié là même qu'il m'avait pris.

La bibliothécaire. La petite brunette candide et fragile. La briser serait si simple, le mal si grand. Alors, j'avais passé la journée là, à la regarder à travers les vitres de l'endroit sous l'horloge de la ville, rêvant mille et une façon de la blesser assez pour blesser le Crocodile. Il me tuerait par la suite, mais qu'importe. La mort me semblait toujours préférable aux siècles d'errances que j'accumulais depuis la perte de mon amour. Il me fallait juste agir durablement avant et d'une certaine manière, je ne voulais pas trouver quelque-chose de trop douloureux pour elle. La tuer serait trop simple et plutôt de mauvais ton. Elle ne méritait pas de mourir juste parce qu'elle avait commis la folie d'aimer Rumpelstilskin. Elle méritait d'avoir une chance d'autre chose. Il fallait juste quelque-chose qui blesserait assez l'homme sans détruire totalement la vie de la femme. Si je pouvais la libérer de lui au passage, cela serait bon pour elle de toute manière.

Le soleil se coucha finalement et la brune ne sembla même pas le remarqué, trop occuper à classer, ranger des livres et à taper sur quelque-chose devant une grosse boite blanche vaguement carré. Et c'est alors qu'une voix m'interpella. Je n'eus pas besoin de me retourner pour savoir que c'était elle. La fille Swan, la Sauveuse. C'était sa ville après tout. Un pirate ayant clairement fait connaître sa volonté de briser l'homme qui y était le plus puissant et qui traînait autour de la bibliothèque de son cher et tendre amour... Ça n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne me trouve.

« Swan ! », m'exclamais-je avec un grand sourire de circonstance, jouant l'homme surprit et content de la voir, comme si je n'avais rien à me reprocher. Avais-je seulement quelque-chose à me reprocher d'ailleurs ? Il n'était pas interdit de traîner en imaginant de doux plans de tortures, non ? C'était de les mettre à exécution qui était répréhensible. « Que me vaut le plaisir de ta compagnie en cette charmante nuit ? »

qui sème la haine récolte la violence, la vengeance, la mort... ✧ Elle avait quelque-chose, la fille Swan. Quelque-chose de magnétique et d'impressionnant. Une force pure qui n'avait d'égal que les fêlures de son âme. Dans un cas comme dans l'autre, elle était un peu un miroir de mon propre reflet. Brisée par la vie et forgée dans le feu d'un destin tragique et probablement pathétique. Bien loin de la vie rêvée d'une héroïne. Parce qu'elle n'était pas un personnage de conte pour enfants, comme nous semblions tous l'être ici, à Storybrooke et dans notre monde. Elle était une héroïne ordinaire, une femme ayant vécu les affres de la vraie vie. Et si j'étais, semblait-il, un de ces personnages d'histoires épiques, j'étais avant tout un homme ayant vécu une vraie vie, purulente d'horreur et de crasse. Je n'étais que trop bien placé pour pouvoir la comprendre et donc trop bien placé pour savoir la lire. Emma Swan, l'orpheline abandonnée de la plus ingrate des façons, ayant grandi en s'imaginant une histoire qui n'égalait en rien la dérision de la vérité. Peut-être que c'était pour cela qu'elle m'intriguait autant... Ou peut-être parce que malgré tout, elle avait une aura de bonté et d'héroïsme que je n'avais su trouver, la délaissant pour la noirceur du vice et de la vengeance...

Elle m'expliqua qu'elle sortait du travail et rentrait juste, me demandant ce que je faisais là, en cette heure. Un sourire se peignit sur mes lèvres tandis que je m'approchais d'elle avec un rebond gracieux, presque innocent. « Peur qu'une autre que toi occupes mes pensées ? », demandais-je avec ma gouaille légendaire, me penchant vers son visage, envahissant sans état d'âme son espace vital avec le plaisir que seul l'interdit sait procurer. « Ne t'inquiètes pas, love, d'aucune ici ne fait le poids face au mystère que tu représentes », susurrais-je avant de lui faire un clin d'œil. « De plus... », ajoutais-je en me redressant, m'éloignant d'un pas pour indiquer la direction de la bibliothèque de mon crochet. « Si la jolie Belle devait envahir mes pensées, n'ai crainte que ça ne serait pas avec l'idée de lui donner du plaisir comme je l'envisage avec toi. Elle n'y trouverait le chemin que pour nourrir de belles idées pour assouvir ma vengeance et faire payer son dû à ce cher Crocodile. »

Je n'avais ni besoin, ni envie de mentir. Qu'importe le super pouvoir d'Emma Swan, l'intérêt du mensonge était bien piètre. J'avais appris depuis longtemps que la vérité brute avait bien plus d'impact et était bien plus amusante. Dites à quelqu'un que vous n'allez pas lui faire de mal et il se méfiera. Dites lui que vous comptez lui faire subir le supplice de la grande cale et il vous donnait absolument tout ce que vous désiriez, le regard terrorisé en prime. « Mais ce ne sont là que des rêveries, Swan. Un homme laissé à sa triste solitude dans une ville inconnue se plaît à rêvasser. Est-ce un crime dans ce pays ? »

qui sème la haine récolte la violence, la vengeance, la mort... ✧ Il n'y avait rien à redire là-dessus. Une petite rencontre avec Emma Swan valait tous les plans de vengeances du monde. Surtout quand celle-ci répondait à mes commentaires de vile flatteur par des répliques tout aussi élaborées. Le pire, c'est que la princesse blonde semblait apprécier de plus en plus nos affrontements de bons mots et le jeu de séduction inévitable qui s'instaurait. D'ailleurs, immédiatement après m'avoir demandé de cesser de prendre mes rêves pour des réalités et d'avoir souligné que je pensais qu'elle était un mystère, elle s'approcha un peu plus de moi, réduisant à l'extrême la distance entre nous. « Et bien oui et non. Tu es tel un livre ouvert, love, souviens toi. Mais j'avoue qu'il reste bien des mystères entourant ta personne comme... »,  débutais-je, assez enhardi par sa réponse physique et verbale pour lever mon crochet jusqu'à sa tête, le glissant pour exiler des autres une mèche de cheveux que je parcourais de sa joue à la pointe. Puis, une fois libéré des filaments dorés, je pointais le bout de mon crochet vers sa poitrine, sans pour autant la toucher avec. « Le chemin vers ton cœur... » Avant de glisser plus bas du regard, délibérément ostentatoire. « ou d'autres de tes charmants atouts... »

Bien sûr, en tant que shérif de la ville – et peut-être plus, qui sait – Emma ne voulait pas que je mette mes plans à exécutions avec la douce Belle ou l'horrible Crocodile, m'assurant qu'elle m'aurait sur le dos sinon et j'eus un petit sourire amusé. « Qui te dit que je n'aimerais pas t'avoir sur le dos ? », demandais-je avec un regard on ne peut plus suggestif. « Je me souviens de la dernière fois, Swan et j'avoue que toi couché et mon épée prête à t'embrocher me donne des frissons qui n'ont rien de désagréables. » Je ne parlais bien évidemment pas de mon épée de métal et je n'avais nul doute qu'Emma saisirait l'allusion. Elle n'était pas une de ses princesses puériles et ignorante à qui il fallait tout expliquer. Emma comprenait la subtilité, les avances à peines voilées, mais imagées. Elle était faite du même bois que moi et si elle ne partageait pas ma tendance à toujours tout enjoliver de désir et de plaisir, elle comprenait.

Bien sûr qu'il n'était pas interdit de rêver, mais elle me proposait plutôt de m'intégrer à la ville, m'assurant qu'elle était certaine que je pouvais le faire. J'eus un petit rire, de nouveau, regardant autour de moi, avant de poser à nouveau les yeux sur elle. « M'intégrer ? Pourquoi faire ? Je suis assez certain que personne dans cette ville ne souhaite me voir prendre racine et m'intégrer. Ton père voudrait me tuer. S'il était encore roi, je ne doute pas qu'il me condamnerait à la pendaison. Les nains veulent ma peau et Granny ne me tolère que parce qu'elle peut m'extirper quelques doublons chaque jour. Personne ne veut que je m'intègre à cette ville, love. »

qui sème la haine récolte la violence, la vengeance, la mort... ✧ J'aimais ce jeu. J'aimais cette chose qu'il y avait entre la belle princesse Swan, si peu princesse, mais si Swan et moi, l'infâme pirate sans foi, ni loi monarchique. D'ailleurs, la femme s'exclama que son cœur était plus haut que l'endroit que je pointais de mon crochet et j'eus un doux sourire, léchant subrepticement ma lèvre inférieure. « Ai-je oublié de mentionner tes autres atouts ? », quémandais-je pour la rhétorique, alors qu'elle me taquinait à son tour, s'exclamant qu'elle se souvenait surtout de la fin de notre rencontre lorsque j'évoquais la fois où je l'avais eu sur le dos, moi au-dessus d'elle. Je haussais un sourcil, comme pour lui demander ce qu'elle avait en tête, quand nous savions tous les deux, en vérité, qu'elle parlait de la manière dont elle m'avait assommé avec la boussole magique afin de pouvoir s'enfuir et retourner dans son monde. Mieux valait éviter de parler plus longuement de ce passage dans grande importance, non ?

Préférant rester concentré sur le fait qu'elle voulait que je m'intègre à cette ville, je lui relayais combien j'étais peu certain que quiconque à Storybrooke veuille que je m'intègre. Elle affirma être certaine du contraire, que si je prouvais qu'ils pouvaient avoir confiance en moi, les gens m'accepteraient. J'eus alors un petit rire, plongeant mon regard dans celui de la belle blonde devant moi. « Encore faudrait-il que je veuille prouver à ces gens que je ne leur veux aucun mal », soufflais-je. Vouloir c'est pouvoir. J'en avais toujours été convaincu. C'était une forme pure de mon propre mantras. Un homme qui ne se bat pas pour ce qu'il veut mérite ce qu'il obtient. « Mais qu'est-ce que j'en sais moi-même, de ce que je vais leur faire ? Je suis ici pour faire souffrir mon cher ennemi et pour l'instant, tu ne m'as pas vraiment convaincu de repenser mon projet, love. Or, je pense pouvoir affirmer que tu es la seule qui pourrait me faire oublier mon projet, si seulement toi, tu le voulais. » Je souris doucement, amusé, ne la quittant pas des yeux, mes prunelles encrées sans concession dans les siennes. Je ne mentais pas. J'aimais trop la vérité pour mentir. La vérité était toujours plus amusante que le mensonge, plus révélatrice de la nature humaine et Swan était quelqu'un que je voulais découvrir et révéler jusqu'à l'os. Cette femme intrigante et forte et probablement aussi torturée que moi par son passé. Je l'avouais, sincèrement. Je voulais tout savoir d'elle. Je voulais sa confiance. A elle et à elle seule.

qui sème la haine récolte la violence, la vengeance, la mort... ✧ Cette situation était clairement imprévue. J'avais je n'avais envisagé de voir à Storybrooke un intérêt autre que celui de pouvoir planter mon crochet dans le cœur du Crocodile. Et pourtant, les choses avaient changées. A la seconde où mon regard avait croisé celui d'Emma Swan, les choses avaient changées. Bien sûr, tout n'avait pas coulé de source de suite. Tout n'était pas franchement plus clair aujourd'hui. J'avais beau sortir d'une histoire pour enfants pour Emma Swan, je n'avais jamais vécu dans un compte de fée. La blondinette n'était pas l'amour de ma vie, ça n'avait rien de l'amour au premier regard. Mais Emma avait quelque-chose. Quelque-chose que les autres n'avaient pas, que je n'avais trouvé chez personne et il avait suffi d'un regard pour le voir et pour savoir ce que c'était. Elle avait ce regard qu'ont les enfants perdus. Celui qu'ont les gens qui ont vécu une vie entière d'abandon et de désespoir. Et ce regard, je le voyais tous les jours dans une autre paire d'yeux. La mienne, chaque matin, alors que je me regardais dans le miroir de ma cabine en faisant ma toilette. Emma Swan avait dans son regard quelque-chose que je retrouvais en moi-même et ça, ça avait été suffisant pour me faire revoir tous mes plans dans la Forêt Enchantée. Pour me faire désirer autre chose que juste ma vengeance... J'avais oublié ça, depuis Milah... J'avais oublié ce que cela faisait d'être fasciné par une femme, au point d'en oublier la colère, la haine et la violence. Elle ne réalisait pas ce qu'elle modifiait au plus profond de mon être...

J'espérais juste avoir un peu d'impact sur la sienne, ce que je devinais par sa perpétuelle tendance à me fuir, malgré le fait qu'elle poussait toujours plus loin le jeu entre nous. Emma Swan n'était pas du genre à fuir, sauf lorsque l'émotionnel devenait trop fort. Sauf quand il y avait un risque pour son cœur.

Après mon aveu, elle avoua que je marquais un point, que rien ne m'obligeait à prouver aux autres que je n'étais pas ce que les histoires racontaient sur moi, mais elle assura qu'une quête éternelle de vengeance sans autre but serait dommage, que Storybrooke avait bien plus à offrir, que je pouvais vivre un autre genre d'aventure ici, commencer une nouvelle vie.

J'eus un petit sourire désabusé. Une nouvelle aventure, une nouvelle vie... Pourquoi faire ? S'il y avait une chose dont j'étais certain, c'était que j'étais un battant. Et je ne me battais pas pour n'importe quoi. « Tu sais love, je ne me bats que pour trois choses dans ma vie. L'amour, la vengeance et moi-même. » Un autre mantras, juste après le premier régissant le fait de se battre pour obtenir ce qu'on voulait. « Cela fait plusieurs siècles que je ne me bats pour ma vengeance... pour mon amour perdu. C'est un peu difficile de trouver quelque-chose de plus fort que ça, tu ne crois pas ? » Sans le vouloir, je m'étais assombri à mesure que je parlais. Repenser à Milah et à sa perte ne me rendait jamais vraiment de bonne humeur. Je n'avais nullement caché à la jeune femme qu'une fois ma vengeance accomplie, ma propre mort serait sans doute une bonne récompense. Difficile alors de prévoir une installation à long terme ou une motivation plus grande. « Je n'ai pas d'amis, pas de famille ici. Je n'ai rien qui m'inciterait à une vie dans ce monde. Rien sinon ma vengeance », soufflais-je, plus vraiment en colère, toujours peiné après des siècles de solitude de n'avoir personne à qui tenir - du moins personne que je me permets d'associer ouvertement -, lui tournant le dos pour partir.

qui sème la haine récolte la violence, la vengeance, la mort... ✧ J'aimais la vérité, les bonnes formes et le code moral qui m'avait toujours guidé, quand j'étais marin, quand j'étais pirate et encore maintenant, alors que je me vouais peu à peu aux désirs d'Emma Swan. Je ne pouvais pas le nier, cette femme faisait de moi tout ce qu'elle voulait. Ses traits m'avaient fasciné, à la seconde où mon regard avait croisé le sien, mais c'est quand elle avait mis son couteau sous ma gorge, m'assurant qu'elle ne croyait pas un traître mot de mon stupide mensonge sur ma qualité de pauvre forgeron sans défense, que j'avais réellement commencé à trouver de l'intérêt à cette petite blondinette aux vêtements et aux habitudes étranges. Puis elle m'avait attaché à cet arbre, menaçant de me laisser me faire dévorer par un ogre, puis dans le château des géants, sous la menace d'être dévoré par l'un d'entre eux... Swan et son amour des menottes autour de mon poignet. Swan et son regard de feu, son attitude de guerrière, ses peurs d'enfant perdue...

Elle était devenue une sorte d'obsession, de fascination que je ne savais repousser. Une lumière dans l'obscurité, un espoir dans les ténèbres. Emma Swan et son satané statut de Sauveuse. Serait-elle capable de sauver un homme qui ne veut pas l'être ? Là était la grande question que je me posais depuis que j'avais posé le pied à Storybrooke et recroiser la route de la princesse orpheline...

Une petite princesse décidément pleine d'espoir, malgré ses dires et son éternel combat contre l'espoir permanent que ses parents tentaient d'insuffler au monde. J'arquais un sourcil quand elle de proposa de changer de devise et de me battre pour de nouvelles choses, sans répondre. Y avait-il plus puissant que l'amour, la survie et le chagrin vengeur ? J'avais plusieurs siècles de vie derrière moi. Je n'avais jamais vu plus grandes émotions. C'était pour cela que ma devise marchait et me semblait la bonne ligne de conduite. Rien n'égalait l'amour, la perte et la survie. C'était les droits choses qui faisaient de nous des êtres mortels. Le début, la fin et ceux qui restent. C'était là ce qui nous unissait tous et qui avait causé les plus grandes guerres de tous les mondes. L'avidité du pouvoir n'en était que l'excuse. L'excuse qui cachait que le plus grand des pouvoirs serait de décider qui vit, qui meurt et de venger quand la vie ou la mort était donnée par quelqu'un d'autre.

Alors non. Il n'y avait rien d'autre pourquoi se battre et je lui fis donc remarquer que je n'avais rien ici, ni famille, ni ami, personne qui ne voulait me voir rester et changer. Emma m'attrapa cependant le bras avant que je ne m'éloigne trop, m'assurant que j'avais raison pour la famille, ou les attaches, mais me demandant ce qui me faisait dire qu'elle n'avait pas envie de faire partie de mes amis. Je cessais donc mon mouvement, me tournant vers elle, la regardant, un sourcil toujours dressé. Elle ajouta que de temps en temps, il fallait simplement s'entourer des bonnes personnes pour avancer. De qui parlait-elle au juste ? De mon entourage ou du sien ? Peut-être qu'elle parlait des deux, si elle voulait faire de moi son ami, mais quoi qu'il en soit, ces mots étaient clairs. Même si elle ne les prononçait pas, ils étaient là, latent sous ses mots, dans sa main autour de mon bras, dans ses yeux décidés. « Je veux que tu restes... en partie pour moi... » Je restais là un moment, à lire dans ses yeux les mots qu'elle ne pouvait prononcer, la puissance qui se dégageait de son corps, fasciné, comme souvent avec elle, par tout ce que son corps disait que sa bouche ne savait dire. J'avais ri plus tôt dans notre histoire, assurant qu'elle était pour moi un livre ouvert... Je ne pouvais pas lui dire que ce que je lisais dans ce livre avait le don de me faire mettre un genou à terre et baisser la tête pour suivre les ordres... Oui, que je le veuille ou non, Emma Swan avait mon allégeance. Une chose que je m'étais juré ne plus faire... Alors, poussant un léger soupir, je secouais mon bras pour le libérer de son emprise, glissant un pas en arrière, pour pouvoir m'incliner dignement.

« Comme tu le souhaites... »

Toujours comme tu le souhaiteras, love.

« Je m'engage à ne pas toucher à la demoiselle Belle et à différer ma vengeance pour laisser une chance à cette ville. Cela te convient ? »

qui sème la haine récolte la violence, la vengeance, la mort... ✧ Je souris à la belle Swan lorsqu'elle m'assura que cela lui convenait, hochant la tête une nouvelle fois. Je n'étais pas homme à faire des promesses en l'air. Je les respectais toujours... Enfin presque. J'avais trahi plus qu'à mon tour des promesses que j'avais faites, mais la plupart du temps, je n'avais pas réellement pensé ses promesses. Juste promis pour m'assurer la venue du moment propice pour obtenir ce que je désirais. Mais je ne voulais pas mentir ou faire semblant de promettre avec Emma. Je lui avais demandé, à notre première rencontre, de me faire confiance et je comptais toujours lui prouver qu'elle pouvait avoir confiance en moi.

Alors même si les fois ou j'avais sincèrement promis et trahi avaient été pour me rapprocher du jour où je pourrais accomplir ma vengeance, cette fois-ci, je comptais sincèrement respecter ma promesse. Emma Swan ne ferait jamais l'objet d'une promesse brisée par Killian Jones ou par le Capitaine Crochet. Mais la promesse que je venais de lui faire supprimait l'un des meilleurs plans pour obtenir ma vengeance. Tant pis. Je pouvais faire sans. Je pouvais trouver une autre façon de faire payer au Crocodile la mort de l'amour de ma vie.

Tirant ma flasque de rhum de ma ceinture, je la dévissais avec les dents avant de la tendre à Emma, un sourire séducteur sur les lèvres. « Scellons donc cet accord, love ! Au répit du Crocodile et à la sécurité de sa compagne ! », clamais-je pour l'inciter à boire un peu, avant de récupérer ma flasque pour porter à mon tour l'accord dans l'alcool.

« Toutefois, Swan », poursuivis-je en en me léchant les lèvres, encore empruntées de rhum. « J'avoue que je ne saurais comment m'y prendre. Il y a longtemps que je n'ai pas eu à charmer la société. Et j'avoue que les codes de ton monde me laisse souvent perplexe, comme ces gens qui tapent sur une petite boite pour organiser une rencontre avec un autre habitant. » Oui, j'étais totalement décontenancé par le fonctionnement de ce monde et ce que les gens appelaient ''la technologie''. Il allait assurément me falloir un guide dans ce monde et je n'acceptais pas si secrètement que ça que cela soit l'affaire de quelqu'un d'autre qu'elle. « Ai-je le droit de demander que tu sois mon guide pour découvrir les plaisirs de ton monde ? »

qui sème la haine récolte la violence, la vengeance, la mort... ✧ J'avais toujours adoré voir ce genre de regard. La façon dont les gens me regardaient bouger et manipuler des objets comme si une main en moins était un handicap qui faisait que mes aptitudes étaient hors du commun. Comme si j'étais un surhomme juste parce que j'arrivais à ouvrir une bouteille ou à boutonner mon veston tout seul. Ça n'avait, en vérité, plus rien de compliqué. Après trois siècles à n'utiliser qu'une main et un crochet, j'étais devenu un expert pour trouver la solution de facilité ne demandant pas deux appendices à cinq doigts. J'avais eu bien des difficultés au début, bien sûr. J'avais même été réduit à devoir exiger de Mr Smee qu'il s'occupe des gestes les plus primordiaux de ma vie. Couper mes aliments, m'aider à m'habiller. C'était loin d'être la période dont j'étais le plus fier, celle qui avait sûrement conditionné par beaucoup ma propension à l'alcool, même si les nombreuses nuits d'ivresses avaient surtout servies à repousser les démons et la douleur de la perte de ma Milah. J'avais été bien bougon aussi, à cette époque, menaçant Smee plus qu'à loisir de lui couper la langue et d'autres attributs s'il s'amusait à aller colporter l'aide qu'il apportait à son infirme de Capitaine. Puis le temps avait passé et j'avais appris à faire seul, d'une main et d'un crochet et j'avais pris plaisir à voir ce regard impressionné chez les donzelles... Surtout que le crochet s'était avéré avoir bien des qualités pour ouvrir d'autres horizons aux relations avec lesdites donzelles.

Une autre chose que j'avais toujours aimé voir, c'était Emma buvant directement au goulot de ma flasque. Pour des raisons encore plus vicieuses, il fallait bien l'avouer. Mais qu'y pouvais-je ? Cette femme était belle, séduisante, attirante, chargée de sex appeal. Rien que la regarder agir au quotidien me mettait dans tous les états. Alors naturellement, inconsciemment, bien sûr que je me léchais les lèvres en la regardant porter son toast et boire une gorgée pour signer notre accord.

Finalement, avec un petit sourire dont seul Swan avait le secret – ce genre de sourire chargé de tant de peine qu'il peinait à venir et en devenait précieux pour cela – elle accepta ma propre demande, celle de devenir mon guide dans ce monde inconnu qui était le sien et je hochais la tête en un doux remerciement, m'inclinant devant elle. Elle ne réalisait pas. Elle ne voyait pas que sous les attitudes présomptueuses de pirate, les fausses inclinations et les tournures bien chargés, j'étais l'homme le plus sincère du monde. Emma Swan tenait littéralement ma vie entre ses mains, elle la princesse. Si ça n'était pas ironique. De tous les marins devenus pirates dans un refus d'être sujet d'un roi menteur, de tous les renégats ayant juré de ne jamais plus donner sa vie à la royauté, j'étais celui qui avait survécu le plus longtemps en les fuyant, en les affrontant. J'étais celui qui avait renié le plus farouchement toute association et refusé le plus de contrat juteux venant de la royauté juste pour le plaisir de garder mes valeurs de non alliance avec ces menteurs. Pourtant, aujourd'hui, j'étais celui qui prêtait sincèrement allégeance à une princesse. Une qui n'avait rien d'une potiche de château, certes, mais une femme de sang royal quand même.

Mais Emma Swan n'était pas que cela. Elle était aussi une voleuse, une fuyarde, une renégate. Elle n'était pas juste une princesse et n'avait rien de royal dans ses veines si ce n'était son sang.

« Quand et par quoi commence-t-on, princesse ? », demandais-je finalement, perdant le fil de mes pensées, me concentrant à nouveau sur elle.