Bonjour tout le monde. Je m'appelle Paige Carlsberg. Ce nom ne vous dit peut-être rien mais il fut un temps où l'on m'appelait Grace comme dans la fille du Chapelier. Sinon j'ai 10 ans et je vis à Storybrooke. En savoir plus sur ma vie ? Eh bien je peux vous dire que je suis célibataire et que je suis également écolière à plein temps. On me dit souvent que je ressemble à Alyssa Skovbye mais ce n'est qu'une question de point de vue. Oh j'allais oublier, je prends je crédites : tumblr

Paige est une enfant facile à vivre. Généreuse fillette au grand coeur, elle aime aider, que ce soit en remontant le moral à un de ses amis broyant du noir ou tout simplement en aidant ses parents avec les tâches ménagères. Pas vraiment capricieuse, elle sait se contenter des jouets qu'elle a déjà et n'hésite pas à économiser son argent de poche pour s'en offrir d'autres. Le seul problème qu'elle peut poser à ses parents réside dans sa nature indépendante : elle aime se promener, à pied ou sur sa jolie bicyclette rose, dans tous les recoins de Storybrooke. Elle connait donc la ville comme sa poche et, étant une grande sociable dans l'âme, la plupart de ses habitants.
C'est qu'avec son optimisme inébranlable, son innocente naïveté et sa légendaire curiosité, elle sait charmer les adultes autour d'elle. Empathique et voyant toujours le bon chez les autres, elle accepte facilement les nouveaux visages dans sa vie, donnant vite sa confiance et son amitié.
Bien sûr, tout n'est pas rose non plus chez l'écolière. Paige, elle est un petit peu imprudente et maladroite sur les bords, alors elle est souvent victime d'accidents pourtant facilement évitables. Quand on rajoute à ça un instinct de grande compétitive, il est logique que la plupart des défis idiots des autres enfants tournent à la catastrophe en sa présence. Dotée d'une grande énergie, il lui faut des journées bien remplies pour se sentir pleinement vivante. Enfin, têtue comme pas deux, bon courage à ceux qui veulent la faire changer d'avis ; une fois qu'elle a pris une décision, elle s'y tient, à tort comme à raison.

Mais avant d'être Paige, la petite brune était Grace. Et si Grace ressemblait énormément à celle qu'elle est désormais, il y a de petites dissonances entre les deux. Grace, elle tout aussi gentille, empathique et curieuse que Paige. Mais Grace elle n'est que douceur, sourires timides et sage retenue là où Paige est une insatiable fonceuse, bonnes intentions parfois entachées par une personnalité entière et sans compromis.

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Grace, peu importe à quel point elle remonte loin dans ses souvenirs, elle est incapable de retrouver le visage de sa mère. L'ayant perdue alors qu'elle était trop jeune, tout ce qu'elle peut rattacher au mot 'maman' c'est une impression de sécurité, d'amour inconditionnel et d'une douceur sans pareille. Elle ne regrette pourtant pas plus que ça le décès de cette presque inconnue, ayant bien assez de figures parentales dans sa vie. C'est que si, au sens strict du terme, son Papa est sa seule famille, elle a passé tellement de temps chez les voisins qu'ils ont eux aussi joué un rôle important dans son éducation. Petite fille souriante, elle a passé son enfance entre les deux maisons, mais toujours dans le même coin de forêt. Cet espace de verdure, elle le connait par cœur. Elle a escaladé chaque arbre, chaque rocher ; elle connait toutes les bonnes cachettes et les endroits où poussent champignons et baies sauvages. Sa maison ce n'est aucune des deux bâtisses entre lesquelles elle partage son temps, mais bien ce petit écosystème si cher à son cœur.

Le premier changement notable, elle en est directement responsable. C'est dans un de ses rares moments d'égoïsme enfantin qu'elle a exprimé son souhait à son Papa, celui de le voir rester pour de vrai à ses côtés. Si elle aime l'entendre lui raconter quelques-unes de ses aventures quand il revient pour elle, elle aime encore plus quand il est là pour jouer avec elle, lui tenir la main sous les arbres et lui conter une histoire pour l'endormir. Elle pourrait facilement retomber dans leur routine, ce petit équilibre serait bien suffisant si son Papa ne veut rien changer à leur vie. C'est juste que, quelque part, elle a grandi et elle est maintenant assez vieille pour se demander, à chaque fois qu'il repart, si ce sera la fois où il ne reviendra pas. Et ça, elle ne veut pas l'imaginer : il est le pilier sur lequel elle a construit son monde, et la simple pensée de le voir disparaître lui est insupportable.

C'est pourtant ce qui finit par arriver. Après quelque temps d'un quotidien à deux, après une période d'adaptation mutuelle un peu difficile suivie d'une existence paisible, faite d'harmonie, de jeux et de rire, ils reçoivent une visite de mauvais augure. C'est la première fois que Grace voit son Papa si soudainement sérieux, et si elle est totalement honnête, ça l'effraie un peu. Elle mord l'intérieur de sa joue pour ne rien dire et part se cacher, petite fille obéissante. Quand elle revient, une heure après, son Papa est de nouveau seul à la maison. Elle n'oublie pas la visite : elle la chasse de son esprit, mais jamais pour longtemps, pas quand son père a l'air si souvent perdu dans ses pensées, occupé à ressasser. Elle comme lui font juste semblant de ne plus y songer, prétendant l'un comme l'autre que rien n'est venu bousculer leur petite vie.

Encore une fois, c'est un caprice qui précipite le changement. C'est pourtant un jour de marché comme un autre, si ce n'est pour une fabuleuse peluche d'un lapin blanc, doux, énorme et parfait. Grace, elle n'est pas vraiment du genre à quémander, mais elle ne peut s'empêcher de tourner une moue suppliante vers son Papa, yeux brillants inclus dans le lot. Ses espoirs écrasés par le prix exorbitant demandé par la vendeuse, elle ravale sa déception et la colère enfantine qui suit un espoir brisé. Ce n'est pas si grave, des peluches, après tout, elle en a déjà. Trop occupée à lui assurer que tout va bien, elle loupe l'éclat noir dans le regard de son Papa, ainsi que la tension dans sa mâchoire. Malheureusement, il faut croire qu'elle n'est pas assez bonne comédienne : quelques jours plus tard, il s'en va en la laissant derrière. Elle l'attend sagement, jour après jours, semaine après semaines et encore après ça. Elle ne veut pas y croire, mais ça ressemble durement à la dernière fois tant redoutée. Tout ça est de sa faute. Elle est trop capricieuse, elle en demande toujours plus et plus, et peut être que, cette fois, c'est au-delà que ce que son Papa peut lui donner. Peut être qu'elle est trop égoïste et que, lui, il ne peut plus supporter l'enfant gâté qu'elle est devenue. Ce sont des pensées qui la hantent la nuit, quand un jour de plus est passé et qu'il n'est toujours pas là. Elles s'efforcent de les repousser loin d'elle, mais la culpabilité revient chaque fois avec plus de force, les accusations sonnent chaque fois plus juste et sa foi s'envole chaque fois un peu plus, accompagnée de larmes amères qu'elle n'avouera jamais avoir versées.

Etrangement, la malédiction met fin à son tourment. Elle ne se rappelle plus l'abandon, elle ne se rappelle plus son Papa ni même son nom. Elle est Paige, elle est née et a passé toute sa vie à Storybrooke. Elle est la fille unique d'un couple charmant, elle vit dans une maison confortable et a plus d'amis qu'elle ne pourrait en souhaiter. Tout va bien dans le meilleur des mondes. Et elle aime sincèrement ses parents, et elle sait parfaitement à quel point elle a de la chance d'avoir une enfance si parfaitement normale. Pourtant, il y a ce sentiment, cette part d'ombre tapie au fond de sa poitrine, qui lui crie que quelque chose ne va pas. Il y a un truc qui cloche et elle ne peut pas mettre le doigt dessus : elle a tout pour être la plus heureuse des petites filles, et elle l'est, seulement elle n'a pas l'impression d'être à sa place. Dès que la sensation refait surface, elle trouve un nouveau jeu pour s'occuper, n'importe quoi pour se distraire de cette stupide idée. Son hypothèse la plus vraisemblable, la seule à laquelle elle peut se raccrocher, c'est le manque de frère ou de sœur pour partager cette vie et tout ce bonheur.

Ce n'est que quand ses souvenirs reviennent qu'elle comprend finalement. Une petite part d'elle n'a jamais oublié qu'elle est sensée attendre son Papa. Et c'est si étrange, vraiment, d'avoir la mémoire de ces deux vies, l'une aussi réelle que l'autre et pourtant tellement fausse, fausse, fausse. Elle se convainc que Paige n'est pas vraie, n'a jamais existé, et elle se met à la recherche du Papa de Grace. De son Papa. C'est une quête frénétique, une sorte de dernier espoir dans lequel elle se lance corps et âme : elle doit le retrouver, parce qu'il est le seul à la connaître vraiment, le seul qui est important, parce qu'il ne peut pas l'avoir abandonnée et que s'il y a la moindre chance qu'il soit à Storybrooke, elle doit la saisir. Elle fait du porte à porte, demande à des connaissances comme à des étrangers s'ils l'ont vu, dessine un portrait et fait une jolie affiche. Rien ne marche.

Le temps passe et il devient bien difficile de nier que les souvenirs de Paige paraissent aussi réels que ceux de Grace. Malheureusement ils ne veulent pas s'effacer. Qu'elle le veuille ou non, la petite fille est une somme des deux. Et ça veut dire que, volontairement ou non, elle ne peut s'empêcher de penser à ceux qui se sont occupé d'elle à Storybrooke comme à ses parents, au même titre que son Papa. Elle cesse de maintenir ses distances avec eux, retombe dans leur vie de famille quotidienne. Ça lui met du baume au cœur quand elle incapable de mettre la main sur son père, autant que ça la fait culpabiliser. Et si quelque chose lui est arrivé ? Elle ne peut pas pousser l'égoïsme jusqu'à continuer sa vie comme si de rien était, comme si elle ne ressentait pas cet énorme vide sans lui à ses côtés. D'autant plus que le récent tremblement de terre ravive son inquiétude. Elle ne peut que continuer à le chercher et espérer de toutes ses forces qu'aucune de ses secousses ne l'aient blessé. Il est son Papa, son héros, et rien ne peut l'empêcher de venir la chercher, pas vrai ? Elle ne peut pas avoir été capricieuse au point de le dégoûter d'elle... Il lui a promis de revenir, il le fera. Elle doit y croire, c'est tout.

créée par sweet peach