Let's go to the Beach beach !
(Les affreuses fesses de Nicki Minaj retournent dans les profondeurs de l'océan)
Il y a des moments qu'on n'avait pas vus venir. J'appellerai ça des
moments-cons, ou un truc du genre.. en un peu plus poétique si c'est possible... Je crois même que j'ai le chic pour me retrouver dans ce genre de situation-là !... Bon d'accord ! Cette fois-ci, je n'ai pas perdu ma tête ! C'est déjà ça ! Mais c'est quand même une
situation-conne que je me dois de raconter.
J'ai eu la drôle d'idée, il y a quelques semaines déjà, de m'inscrire à une espèce de cagnotte que la ville organisait pour ses bons concitoyens. Je ne sais pas si je suis bon ou con, mais en tout cas, on peut dire que j'habite quand même cette fichue ville. Je crois que je me suis senti concerné quand j'ai lu la petite annonce sur une page du
Daily Mirror. Dans un moment de lucidité – peut-être con en fin de compte –, j'avais décidé d'acheter le dernier numéro pour me tenir au courant de ce qu'il se passait en ville. Le genre de trucs que les gens normaux font généralement. Sauf que moi, je l'ai lu le journal. Bon je m'en suis servi aussi pour ramasser la poudre sur la table basse, mais je l'ai lu au moins, moi !
L'annonce semblait sympa... On pouvait gagner des voyages, des trucs comme ça... comme la plupart des gens. J'ai pensé que ça ne ferait pas de mal d'essayer de gagner une place au soleil. Que peut-être ça pourrait régler mes problèmes. Et peut-être même qu'avec un peu de chance – beaucoup même – ma petite Grace serait de la partie. Le père et la fille réunis par le hasard d'un jeu communal ! Alors je me suis inscrit ! Et puis j'ai oublié. Et puis la lettre est arrivé. Avec le ticket de bus. Et il a bien fallu y aller dans ce fichu bus. Alors j'ai pris un sac de sport et j'ai mis une serviette dedans. Et un maillot de bain. La petite pourra voir son papa faire des grands ploufs. Et puis je suis parti. Et alors c'est maintenant que je reprends le fil de ma pensée.
J'arrive en avance. On ne peut pas dire. Même bien beurré, je suis toujours ponctuel. Ça, c'est une de mes qualités. Soit j'arrive avant, soit je ne viens pas du tout. J'ai du en manquer des événements pour respecter ce credo ! Heureusement, le bus est déjà à alors je prends mon courage à deux mains, je serre le petit ticket entre mes doigts et je m'avance vers le véhicule. C'est drôle, je ne tremble pas encore. Peut-être que tout ira bien aujourd'hui. Je donne le bout de papier au conducteur qui marmonne un semblant de bonjour en le réceptionnant avec nonchalance. C'était peut-être un troll dans son autre vie. Je ne sais pas si c'est mieux que Chapelier drogué, mais ça n'a pas l'air terrible. Je m'assieds donc au milieu du bus. J'ai compté les places. Si je suis trop derrière, je vais avoir envie de vomir. Si je suis trop devant, je.. Je ne sais pas pourquoi, mais ce ne serait pas bien.
Les minutes passent et des gens commencent à monter. Je prends bien soin de ne pas remarquer leur mine interloquée lorsqu'ils croient me reconnaître et je préfère me pencher contre la vitre et regarde le soleil se lever lentement, recroquevillé dans mon coin. Je sais que Paige ne viendra pas, et pourtant je suis là à m'offrir en spectacle aux pauvres touristes. Je ne veux pas déranger alors je regarde là où personne je ne vois personne. J'étais bien dans ma solitude, jusqu'à ce que, chose des plus logiques, toutes les places soient prises et qu'il ne reste que celle à côté de la mienne. Un homme s'y assied. Je vais semblant de ne pas l'avoir vu. Ironie tragique, le chapelier qui a perdu la tête fera le voyage aux côtés de l'homme au cœur brisé. Si j'étais mort, ça serait presque une réunion de macchabée ! Youhou ! J'enfonce ma tête dans ma capuche, au cas où mon voisin serait de ces revenants qui aiment passer leur temps en mangeant les cerveaux des gens. On ne sait jamais !